A partir du VIIIe siècle, les vikings ont sillonné les mers. Ils ont découvert le Groenland, sont allés jusqu’en Amérique, ont colonisé et peuplé de nombreuses îles comme les Féroës, les Shetlands, l’Islande, pillé l’Irlande, mis la France à feu et à sang. Dans la sauvage Russie, ils se sont assis sur le trône des tsars.
Il ne subsiste désormais qu’une légende incomplète et trompeuse des vikings. Ne retenant des rudes guerriers surgis de la mer que l’image des barbares païens avides de sang, la mémoire des hommes oublie, du même coup ce que le monde leur doit : la découverte de routes commerciales, la création de ville marchandes comme Novgorod et Smolensk en Russie, l’édification d’Etats d’un type totalement nouveau, efficaces et réalistes comme la Russie de Kiev et en ce qui nous touche de plus près le duché de Normandie, dont le premier duc fût Rollon en 911.
LES VIKINGS ET LA NORMANDIE
Les premières attaques venant de Nordmannia (Scandinavie avant de devenir au Xe siècle, le nom de Normandie) ne commencèrent que vers 840. L’église, devant l’afflux des pillards païens, avait fait ajouter au Notre Père : "...et délivrez-nous, Seigneur, de la fureur des Normands, Ainsi soit-il"
Mais les vikings n’étaient pas des barbares, ils appartenaient au contraire à une civilisation à bien des égards supérieure à celle des contemporains de par leur organisation (institutions, législation, organisation militaire particulières et fort bien structurées). Depuis la mer d’Irlande, les norvégiens lançaient des expéditions vers le sud, contre les côtes du royaume franc, du Cotentin à la Gironde.
Le nord du Cotentin, isolé et sans grand intérêt pour les rois carolingiens était fortement colonisé par les scandinaves qui y avaient contrecarré l’autorité bretonne. L’immigration lente et paisible des scandinaves fut le fait d’entreprises isolées, faites essentiellement de norvégiens qui trouvaient des terres à prendre individuellement, dans la Hague et le Val de Saire, loin des expéditions meurtrières. Ces derniers tombèrent, en 933, sous la coupe des Danois de Rouen.
Un nouveau peuple issu du sang scandinave commence à s’affirmer. Un peuple qui à son tour, inquiète l’Europe : les Normands.
En 1065, Guillaume de Normandie fait voile en direction de l’Angleterre. Les vikings sortent de l’histoire, ils entrent dans la légende, une page est tournée, une autre vient de commencer.
La distribution géographique de l’établissement scandinave en Normandie comporte deux pôles : le pays de Caux et le nord du Cotentin. C’est dans ces deux régions que l’influence nordique a été la plus forte, l’une essentiellement danoise, l’autre norvégienne.
L’établissement scandinave en Normandie a toujours été guidé par l’intérêt. Tout ce qui menait à la réussite convenait aux vikings et ils parvinrent avec beaucoup d’ingéniosité et une grande capacité d’adaptation.
La souplesse de l’esprit viking, puis de l’esprit normand, jusqu’à la fin du XIIe siècle, était remarquable. Loin de faire table rase, les vikings ont repris une bonne part de ce qui existait déjà et l’ont complété ou amélioré par leurs propres traditions nordiques. Un des traits essentiels de la colonisation aura été la fusion rapide et réussie entre Francs et Scandinaves, qui constitua en quelques générations, le peuple normand.
Cette colonie scandinave au milieu du royaume franc va s’étendre, conquérir et pacifier les régions de Lisieux d’Evreux, puis de Bayeux. Le fils de Rolf, Guillaume à la Longue Epée, ralliera le Cotentin et l’Avranchin. La petite colonie du début devient, d’abord sous les ducs Richard I et Richard II, puis sous leurs successeurs, un duché puissant, indépendant, où l’aristocratie dirigeante restera, pendant plus de 250 ans, d’origine scandinave, jusqu’à l’avènement en 1154, d’une nouvelle dynastie.
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