Rouen, le 14 juillet 2008 - 7 heures du matin - Les premiers rayons du soleil baignent le port de Rouen. Une légère brise ride la surface de l’eau. L’équipage au grand complet se retrouve à bord pour un rapide petit-déjeuner pris sur le pouce avant d’entamer une rude mais belle journée. 8h30, les derniers invités prennent place à bord. Sur le quai, Françoise, Yolande et Daniel qui s’apprêtent à prendre la route longeant les berges de la Seine, nous adressent un dernier salut amical. Nous les retrouverons plus tard, lors de notre escale à Caudebec en Caux puis à Honfleur , au terme de cette fabuleuse descente de la Seine.
9 heures n’a pas encore sonné au clocher de la cathédrale que le bruit discret des deux moteurs Volvo, dissimulés sous le pont, se fait entendre. Sous les ordres de Régis, capitaine du Dreknor, Jean-Pierre, Louis et Mathieu larguent les amarres. Barré par Jean-Marie, guidé par Louis, à la vigie, le navire s’écarte lentement du ponton avant de glisser majestueusement sur l’eau en direction du pont Flaubert qui se détache sur un fond de ciel bleu.
Sons de trompe, au-revoirs et signes de la main saluent les équipages des navires au mouillage dont nous croisons la route et les nombreux lève-tôt massés sur les quais. Laissant derrière lui les installations portuaires, Dreknor, sous les acclamations du public, ouvre la grande parade de Rouen à la mer, entraînant dans son sillage les plus grands et plus beaux voiliers du monde.
Le Dreknor est à peine entré en Seine que déjà se dessinent les premiers méandres qui, courbes après courbes, dévoilent à nos yeux des paysages insolites d’une incroyable beauté. En milieu de matinée, après Grand Quevilly, Dreknor se présente devant le village de La Bouille, patrie d’Hector Malot et des Albert Lambert père et fils, dont on entrevoit au loin le campanile de la Mairie surmonté d’une girouette épousant les formes d’un drakkar. A bord et sur les berges, l’ambiance est au beau fixe. Le grand pavois rouge et or frappé des deux léopards de Normandie, tout d’abord disposé à babord , est rapidement hissé sur un hauban, tribord arrière ; un grand moment d’émotion partagé à la fois par l’équipage et le public installé sur les deux berges de la Seine, un événement salué, à sa manière, par Jean-Marie par un « ça a de la gueule ! » venu du cœur.
Tout au long du parcours, aux cris et aux saluts des spectateurs, aux drapeaux normands et norvégiens qui fleurissent un peu partout, répondent, à l’unisson, sons de cornes vikings, « eya ! » et signes de la main. Pendant ce temps, Daniel, Jean-Marie, Jean-Pierre, Nicolas, Régis mais aussi Louis et Jean-Claude se succèdent à la barre du Dreknor ; un immense honneur pour ces derniers qui, pour la première fois, touchaient du doigt ce navire mythique, d’une extraordinaire stabilité, d’une extrême docilité, taillé pour affronter les océans, comme devait le constater quelques jours plus tard l’équipage du Dreknor au large de Barfleur.
En cours de journée, le Dreknor est peu à peu rattrapé dans sa course par les grands voiliers.Nous adressons un dernier au-revoir aux équipages du loth Lorien, du Statsraad Lehmkuhl , du Stad Amsterdam , du Mir , de l’Amerigo Vespucci et du Shabab Oman que nous avons côtoyé, ces derniers jours, sur les quais de Rouen. En milieu d’après-midi, Caudebec en Caux est en vue. Ici, comme ailleurs, les quais sont noirs de monde. Après une brève escale, Dreknor reprend sa course vers l’aval en direction du pont de Brotonne. Le vent forcit, le courrant se fait de plus en plus rapide. A tribord, alors qu’entre les arbres s’estompent peu à peu les tours de l’abbaye de Jumièges, le ponts de Tancarville et de Normandie se profilent à l’horizon. Après dix heures de navigation, notre voyage touche à sa fin. Face au port de Honfleur, notre navire effectue ses dernières manœuvres avant de s’immobiliser dans l’attente de l’ouverture des portes. A 19 heures le Dreknor entre dans le port de Honfleur pour aller s’amarrer, le temps d’une nuit, dans le bassin de l’est, avant de rejoindre Saint-Vaast-la Houge dans la journée de mardi.
Cette journée du 14 juillet 2008, à marquer d’une pierre blanche, que Louis LEFEVRE allait résumer dans un article paru , deux jours plus tard, dans la Presse de la Manche par un retentissant « Dreknor va-t’il réunifier la Normandie ? » fut , sans conteste, un grand moment de communion entre Dreknor, ses passagers et un public normand tout acquis à sa cause, fier de renouer avec son histoire et son identité, comme s’il s’était passé un je ne sais quoi. Cette journée, dont nombre d’entre nous garderont un souvenir inoubliable, clôturait aussi la première croisière du Dreknor ; une croisière riche en enseignements, un saut dans le temps, mille ans en arrière à la recherche des techniques de navigation d’antan et de gestes oubliés, aujourd’hui en partie retrouvés. >>> Lire la Suite
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